Dans ce quartier de Tours où se vivent des situations de grande précarité, l’engagement de nombreuses femmes contribue à une forte dynamique citoyenne. Sans prétendre au militantisme, leur investissement d’habitantes montre que la chose politique, dans son sens le plus noble, se fait aussi de proche en proche et au jour le jour.
Aurélie porte le jardin « Incroyables comestibles » de potager partagé s’enrichissant des cultures et des rapports à la terre cosmopolites du quartier : « Ça me manquait d’avoir un espace où l’on puisse faire du jardinage. Même si pour manger ça reste modeste, à notre échelle, on découvre certaines choses que l’on n’a pas l’habitude de consommer. Moi, c’est vrai, je n’ai pas grandi dans ce genre de quartier étant petite, je n’ai pas connu ça, mais ça me fait énormément plaisir de voir mes enfants participer de manière spontanée. »
Keltoum est coordinatrice, médiatrice, accompagnatrice et traductrice à la Poste pour Régie + : « Il n’y a que lorsque tu travailles dans le social et dans le quartier que tu t’en rends compte : il y a beaucoup de personnes qui ne savent pas écrire leur prénom, ni rien du tout. Les gens qui vivent avec très peu, l’abandon, les personnes âgées seules… Je prends mon temps pour écouter les gens. J’ai des personnes, elles veulent que 5 minutes. Et puis après, elles se sentent bien. »
Malika se consacre à l’animation d’un atelier couture après une carrière d’enseignante puis de formatrice auprès de personnes en situation d’illettrisme : «Je suis arrivée au Centre social pour voir ce qui s’y passe. Je me suis retrouvée à faire de la couture, parce que c’est ma passion d’une part, d’autre part, j’aime la transmission de savoir. Après, j’ai intégré le Conseil d’Administration où j’ai un pouvoir de décision. »
Jessica anime un atelier de maroquinerie dans un local prêté par le Centre social Pluriel(le)s : « Ce qui me plaît, c’est le travail de la matière, le rendu qui est rapide, la curiosité, la variété… C’est des moments de partage, dans les défis, dans les conseils, dans les savoir-faire. C’est une valorisation de chacun, chacun a ses compétences et c’est bien de les mettre en commun. »
Fatoumata, en service civique au 13/Espace Passerelle, prépare un événement qui relate une expérience mêlant art et urbanisme, Gri-Gri Pixel : « Il y a cette sensibilité que j’accumule sans savoir quoi en faire, qui s’est transformée en agressivité ou en repli sur moi-même. Alors j’ai inventé une musicienne, Sheevaï. Sheevaï, c’est la violette. Sheevaï, c’est peut-être tout ce que je n’arrive pas encore à être. »